MONTRÉAL – En dépit des efforts déployés par le gouvernement pour l’endiguer, de nouvelles analyses de données satellitaires recueillies entre 2023 et 2024 révèlent que l’exploitation aurifère illégale persiste dans la forêt amazonienne. L’enquête de Greenpeace montre également que le Canada était la première destination des exportations d’or brésilien en 2024. 

Selon le rapport de Greenpeace Brésil, les mesures prises au niveau national pour lutter contre cette activité destructrice se traduisent non pas par une diminution, mais plutôt par un changement au niveau des territoires autochtones affectés : alors que les activités minières ont diminué sur les terres des Yanomami, des Munduruku et des Kayapó (respectivement de 7 %, 57 % et 31 %), celles des Sararé ont connu une augmentation spectaculaire, l’exploitation minière illégale y ayant progressé de 93 %. Selon le rapport, 4 219 hectares de forêt tropicale ont été détruits par les exploitants d’or dans ces quatre territoires autochtones au cours des deux dernières années, soit une superficie équivalente à près de la moitié de celle de Manhattan ou plus de 4 000 terrains de soccer.

Le rapport Toxic Gold de Greenpeace Brésil retrace le circuit de l’or illégal depuis l’Amazonie jusqu’aux marchés mondiaux. Comme il l’indique, les trois principales destinations des exportations d’or brésilien en 2024 étaient le Canada, la Suisse et le Royaume-Uni – tous des centres internationaux majeurs pour le raffinage et le commerce [1]. 

Il semble que la demande mondiale alimentant l’exploitation minière illégale n’est guère susceptible de ralentir. Rien qu’en 2024, le prix de l’or a augmenté de 44 % et de nombreuses banques centrales déclarent désormais leur intention de constituer des réserves d’or.

En réaction à ce rapport, Salomé Sané, chargée de campagne Nature et Biodiversité chez Greenpeace Canada, a déclaré :

« L’or de l’Amazonie est un or toxique. La cupidité est en train de dévaster un patrimoine naturel irremplaçable et, en tant que premier importateur d’or brésilien, le Canada est devenu complice de la destruction de la forêt amazonienne. L’exploitation aurifère illégale ne porte pas seulement atteinte à l’environnement local, elle a aussi des répercussions néfastes sur les peuples autochtones et les communautés de la région, contribuant activement à la perte de biodiversité et menaçant l’avenir de notre planète. Les leaders de ce monde, y compris notre futur premier ministre, doivent mettre en place des pratiques éthiques responsables tout au long de la chaîne d’approvisionnement et empêcher les importations de produits miniers illégaux issus de l’un des écosystèmes les plus précieux au monde. »

L’extraction aurifère illégale est l’un des principaux moteurs de la perte de biodiversité et des tensions sociales au Brésil, affectant de manière disproportionnée les communautés autochtones et les populations vulnérables. Les scientifiques ont constaté que le mercure utilisé lors de l’extraction contamine la forêt et les cours d’eau, mettant en danger la faune et la flore ainsi que la santé humaine.

Le prédécesseur de Lula, le président d’extrême droite Jair Bolsonaro, a délibérément affaibli les mesures de protection environnementale en Amazonie. Cela a entraîné une prolifération de l’exploration minière entre 2018 et 2022, avec une augmentation vertigineuse de 265 % de l’extraction aurifère illégale sur les terres autochtones. Depuis 2023, le gouvernement brésilien actuel a intensifié les opérations de sécurité et de surveillance dans des zones clés. Mais les recherches de Greenpeace Brésil montrent que l’exploitation minière illégale continue de s’adapter et de s’étendre à travers la forêt – soulignant le besoin urgent de stratégies durables et à long terme. 

Alors que la campagne électorale fédérale bat son plein, ce rapport rappelle aux candidats que le Canada a la responsabilité de protéger la nature au-delà de ses frontières lorsque ses entreprises sont impliquées. 

La Cour suprême fédérale du Brésil a récemment décidé de combler une lacune juridique qui permettait aux acheteurs d’accepter de l’or sans en prouver l’origine, ce qui contribuait à l’essor de l’exploitation minière illégale – souvent dans les territoires autochtones – en l’absence de tout contrôle. Les acheteurs d’or doivent désormais vérifier la légalité de leurs achats, et le gouvernement est tenu d’exercer une surveillance plus stricte. Cette décision marque un tournant décisif dans la lutte contre l’exploitation minière illégale. Toutefois, Greenpeace Brésil insiste sur la nécessité de prendre d’autres mesures pour assurer une protection à long terme. Au Canada, Greenpeace demande au prochain gouvernement de veiller à ce que les entreprises canadiennes ne soient pas liées à des chaînes d’approvisionnement en or illégal.

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Notes aux éditeur·rices :

Des photos sont disponibles dans la médiathèque de Greenpeace. Le résumé du rapport est disponible en français ici. Le rapport complet est disponible ici (en anglais seulement)

[1] Tableau du rapport Toxic Gold de Greenpeace Brésil indiquant les principales destinations des exportations d’or brésiliennes en 2024. 

Pays de destinationValeur commerciale ($ US)Poids net (t)
Canada1 838 546 881 $29,4
Suisse948 234 974 $16
Royaume-Uni579 388 660 $7,5
Émirats arabes unis211 441 948 $3
États-Unis185 659 448 $2,8
Allemagne155 350 990 $2,2
Inde29 515 833 $0,4

Pour plus de renseignements, veuillez contacter :

Miryam Nadkarni, attachée de presse, campagne forêts, Greenpeace Allemagne

[email protected]; +49 160-3319793 (disponible de 9 h à 16 h 30 HEC)

Bureau de presse de Greenpeace International

[email protected]; +31 (0)20 718 2470 (disponible 24 h sur 24)

Salomé Sané, chargée de campagne Nature et Biodiversité, Greenpeace Canada

[email protected]; +1-778-961-0121